Le père Jacques Marquette (1637-1675), de Nancy aux Amériques

Colonisation sur fond d'évangélisation ou véritable intérêt pour les Amérindiens ?

Vous pouvez écouter une version audio, enregistrée par Adèle, de la notice ci-dessous

Formé à Nancy et Pont-à-Mousson

Jacques Marquette est né à Laon le 1er juin 1637. Dernier d’une famille très pieuse, il se découvre très vite une vocation apostolique. Sa sœur fonda d’ailleurs la Communauté des Soeurs Marquette pour l’éducation des enfants pauvres de Laon. Il commence ses études théologiques au collège des Jésuites de Reims et entre à seulement 17 ans dans la Compagnie de Jésus plus communément appelé les Jésuites, au noviciat de Nancy puis à l’université de Pont-à-Mousson. Il devient alors prêtre et demande à être envoyé en mission “ad exteras nationes”. Il embarque donc à la Rochelle au début de juin 1666 pour arriver le 20 septembre au Canada à Québec. Aujourd’hui, il représente un personnage important pour le Québec où plusieurs représentations et écoles portent son nom. 

Sa mission aux Amériques

Il commence par explorer la vallée du Mississippi à la recherche du passage direct jusqu’à l’Océan Pacifique. Il est donc à la recherche de ce qui deviendra le Mississippi et dont on lui accorde d’ailleurs la découverte. C’est là qu’il entre pour la première fois en contact avec des natifs qui l’aident alors en lui fournissant des cartes du pays mais également en lui servant de guide. On retrouve d’ailleurs de nombreuses représentations du Père Marquette se faisant guider par des Indiens. 

Ce voyage à travers le Mississippi renforce le désir de Marquette d’étendre à l’ouest et au sud son influence missionnaire. Le voyage est également une véritable expédition scientifique. On retrouve dans ses carnets une importante observation de la faune et de la flore avec de nombreux croquis et cartes. 

Wilhelm Lamprecht (German 1838-1922), Père Marquette and the Indians. Raynor Memorial Library at Marquette University, Milwaukee, Wisconsin. Source: Wikipedia


Sa relation avec les communautés natives d'Amérique

Il s’initie durant 2 ans aux langues et aux mœurs des amérindiens avant d’être affecté à l’évangélisation des Algonquins des Grands Lacs, d’abord à la pointe du Saint-Esprit, sur la rive sud du lac supérieur, puis à Michilimackinac, entre le lac Huron et le lac Michigan. Cet intérêt pour la culture de ces peuples pose plusieurs questions. Alors qu’il reconnaît leur humanité en s'intéressant à leur us et coutume il est important de se souvenir qu’il voyageait dans un but d’évangélisation. Il raconte d’ailleurs dans son carnet de voyage, dans lequel il raconta tout son périple, qu’il est content de voir qu'ils pratiquent une religion mais qu’il les considère comme non éduqués. Il apporte une vision très occidentale et juge leur pratique et tradition. Il ajoute plus loin qu’il est là pour " les éclairer des lumières du St Evangile”. La question ici étant : Le père Marquette s’est-il intéressé aux cultures et langues des natifs par respect et intérêt ou était-ce pour faciliter et renforcer la communication dans un but d’évangélisation. ce qui pose la question de la colonisation religieuse. La position du Père Marquette est donc toujours une ligne très fine entre un respect pour les populations autochtones et un esprit de colonisation religieuse. 

La statue du Père Marquette 

Cette statue du Père Marquette se trouve sur la façade du GEC (groupe des étudiants catholiques), une résidence étudiante catholique. Elle date de 1930 et est attribuée à Victor Huel fils, inspiré par le père G.M Lejosne, aumônier du GEC de Nancy. 

Rue du Baron-Louis, la statue de Marquette dominant une tête d'Amérindien (photo EA)

 On en retrouve une copie en plâtre à la bibliothèque de Pont-à-Mousson. On peut voir sur la statue le Père Marquette tenant un crucifix dans sa main droite et une carte des Amériques dans l’autre. Cependant, ce qui marque le plus en voyant cette statue c’est la tête de chef indien utilisée comme socle. Encore une fois la hiérarchie entre le missionnaire et l’Indien est claire. Il apparaît même comme un trophée de chasse avec les yeux baissés et une expression de défaite. Cette représentation pose question sur la place que nous accordons aux coloniaux et une forme d'oubli sur le fait qu’ils ont écrasé et effacé différentes cultures dans le but d’évangéliser et d'occidentaliser en pensant que la culture occidentale était la seule culture acceptable et en se considèrent comme détenteur de l’éducation. Alors qu’aujourd’hui nous repensons plusieurs représentations coloniales et nos relations avec cette colonisation occidentale, notre culture en reste imprégnée. 

 Notice rédigée par Adèle

Sources :


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