Plaque commémorative au cimetière du Sud


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Vous pouvez écouter une version audio, enregistrée par Maxime, de la notice ci-dessous
                                                   

    
Quel a été le rôle de la plaque commémorative de la guerre d’Algérie présente au cimetière du Sud de Nancy dans l’évolution de la mémoire des combattants français ? 

    La plaque commémorative en l’honneur des soldats A.F.N (Anciens combattants d’Algérie) est située au cimetière du Sud, à Vandoeuvre plus précisément (au Sud de Nancy). Cette plaque a été inaugurée le 10 mars 1974 en l’honneur des militaires morts pour la France lors de la guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc, entre 1952 et 1962. 64 Nancéiens ont perdu la vie en Algérie, au Maroc et en Tunisie pour la France à l’âge de 20 ans, en général. 



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    Cette plaque, tel qu’il est dit dans le discours d’inauguration, a pour but de rassembler les Français et les Françaises dans le souvenir de ces morts, mais surtout pour préserver la paix, contre le racisme ou la vengeance afin d’obtenir un monde meilleur. Toute autre guerre est à éviter, tel est l’objectif premier de ce monument. Cette plaque commémorative fut inaugurée pas moins de 12 années après la fin du conflit, mettant enfin à l’honneur les disparus français. Ces 64 morts nancéiens en Algérie, Tunisie et au Maroc constituent le plus lourd bilan de France, après Bordeaux, preuve que la ville avait besoin de les célébrer. 

12 ans pour installer une plaque à l’honneur de leurs morts pour la patrie, c’est une longue durée, non ? 

    En effet, l’administration ne pouvait pas officialiser, admettre, la présence d’anciens combattants d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) puisqu’officiellement jamais il n’y a eu de « guerre ». En effet, pour les anciens de 14-18 et 39-45 (les deux guerres mondiales), la guérilla en Afrique ne reposait pas sur les mêmes principes qu’une guerre traditionnelle. Mais, la Fédération nationale des anciens combattants Algérie, Maroc, Tunisie (la FNACA), réussit à siéger au sein de l’Union des sociétés militaires et patriotiques de Nancy et de l’Union française des anciens combattants. Ainsi, la FNACA étant bien évidemment favorable à un hommage aux 64 morts dans les combats, l’idée d’une plaque commémorative fit son apparition. Toutefois, au niveau national, l’idée d’une commémoration resta mal vue, quand bien même les points de vue se seraient rapprochés de Nancy (seules quelques personnes, « que l’on compte sur les doigts d’une main » nous dit-on, ont soutenu cette initiative). Ainsi, ce sont bien les pouvoirs en place qui furent réticents à l’idée d’une inauguration. Mais enfin, en juin de 1973, le conseil municipal de la ville de Nancy donna son accord à la pose d’une plaque commémorative au cimetière du Sud ! Un temps, courait l’idée de la tenue de la cérémonie le 11 novembre 1973, jour de l’Armistice de 1918. Mais cette idée fut balayée après le refus de la FNACA qui ne souhaitait pas une cérémonie « à la sauvette », c’est-à-dire dans l’ombre de celle du 11 novembre. Par la suite, un débat s’ouvrit entre le comité nancéien de la FNACA et un projet de loi concernant l’attribution de la carte d’anciens combattants. En effet, qui est appelé « combattant » ? Le véritable soldat, le patrouilleur, le simple uniforme ? La FNACA trancha que « le combattant est celui qui a été transporté, en armes, quelque part sur un théâtre d’opération ». 


Le dépôt d'une gerbe par les officiels et les associations d'anciens combattants. Le maire de Nancy Marcel Martin est à droite. Archives municipales de Nancy 3K70


    Mais c’est bien le 10 mars 1974 à 11 heures qu’une stèle commémorative fut inaugurée au monument aux morts du cimetière du Sud de Nancy, en l’honneur des 64 Nancéiens morts aux combats en Afrique du Nord. « Aux morts pour la France en A.F.N, de 1952 à 1962 » : telle est rédigée la plaque commémorative au cimetière du Sud. Par ces quelques lettres dorées, les 64 morts nancéiens tombés en Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) ont rejoint le souvenir collectif, après tant de débats. En effet, la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie du Maroc et de Tunisie (FNACA) et plus particulièrement son comité nancéien réussit à contrer les pouvoirs en place et leur difficulté à reconnaître la notion, à la fois de « guerre » et de « combattant » dans le cadre du conflit en Afrique du Nord, 12 ans après, les accords d’Evian qui mirent fin à la guerre d’Algérie. 
                                                                                                      
                                                                                                         Notice rédigée par Maxime et Willy

Sources : 
  • Archives municipales de Nancy (3K70)
  • Est Républicain (11/03/1974 - 05/03/1974 - 26/11/1974)
  • Républicain Lorrain (26/11/1975)

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